EXTRAIT DU CHAPITRE 2 

 
Les mitounes
 
Depuis la nuit des temps, la croyance populaire a peuplé d’êtres divins fontaines, sources et forêts. Les fées des eaux appelées “Encantadas” font partie du folklore audois, ces prêtresses du culte druidique, vierges sacrées des races celtiques se retrouvent dans tout le département et les légendes les concernant sont souvent plus mystérieuses qu’effrayantes.
Habitant dans les grottes, elles fréquentent tous les endroits où jaillissent les précieuses sources et cascadent les rivières tumultueuses, ces petites fées lavandières sortent la nuit laver leur linge richement brodé avec un battoir en or et le font sécher aux rayons de la lune.
Il n’est pas de cours d’eau, de grotte ou de bois auxquels on ne puisse associer une histoire de fée. 
D’une grande beauté, elles ensorcellent le malheureux jeune homme qui aura eu le malheur de croiser un seul regard et qui restera à vie pris par cet enchantement, elles accumulent richesses et trésors que les humains tentent en vain de leur voler. Á Roquefeuil, petit village du pays de Sault, un berger avait même pu épouser une des ces enchanteresses.
Mais parfois aussi les encantadas sont maléfiques : ce sont les mitounes qui hantent les Corbières. Car si l’être humain peuple de créatures de rêve ce qui lui apparaît en pleine lumière, les endroits sombres et inaccessibles seront forcément hantés par des êtres malfaisants qui sèment la crainte et l’effroi, la configuration de cette terre rude et sauvage s’y prête parfaitement.
Les mitounes habitent les grottes mystérieuses et les gouffres  profonds, les bois sombres et les forêts impénétrables et tout comme leurs sœurs les encantadas, elles sont lavandières et très belles mais les similitudes s’arrêtent là. Capables de noyer l’imprudent qui se sera approché trop près, elles volent les enfants destinés à être sacrifiés et peuvent se changer en divers animaux pour tromper et commettre des actes nuisibles.


 EXTRAIT DU CHAPITRE 3 
 
Histoire, visites et promenades


Tuchan - le Mont Tauch  - Le château d’Aguilar
 
Le village de Tuchan
Il se trouve entouré par la garrigue et la végétation méditerranéenne qui se répand partout où la vigne n’est pas encore implantée.
Autrefois, les principales ressources de Tuchan étaient la culture des céréales, de l’olive et l’élevage pour la laine. De nombreuses oliveraies peuplaient la plaine et des milliers de chèvres et de moutons paissaient dans les champs et les sous bois autour du Mont Tauch.
Á partir du XIXe siècle, avec le développement de l’industrie du vin, Tuchan, comme de nombreux villages des Corbières, se tourne progressivement vers la monoculture de la vigne. 
 
Sur le mont Tauch :
La source de l’Artigas
Départ : la petite route derrière la cave coopérative
Un kilomètre après le village prendre à gauche la petite route signalée “source de l’Artigas”. Trois cents mètres plus loin, on découvre un agréable coin pique-nique ombragé, entouré de vignes. La source jaillit entre les rochers couverts de mousse et les grosses racines d’un platane, elle serpente ensuite au milieu des vignes vers le village.
L’emplacement pour se garer est juste après le coin pique-nique sur la gauche.
 
 
Promenade jusqu’à la chapelle Notre-Dame-de-Faste
Départ : la petite route derrière la cave coopérative
 
Il est préférable de s’approcher de la chapelle en voiture car la première partie de cette promenade suit une petite route goudronnée très exposée au soleil.
Après avoir roulé 3,8 km se garer à droite sur la petite esplanade lorsque la route descend et devient chemin, exactement à l’embranchement vers le Mont Tauch. On aperçoit déjà la chapelle au milieu des arbres. Le petit chemin vous amène d’abord à un agréable coin pique-nique sous les platanes ; une dizaine de mètres plus loin, l’imposant monument au milieu des arbres, ressemble plus à une citadelle qu’à une chapelle.
De l’autre côté du chemin, une stèle sur une petite butte attire l’attention. Elle est érigée à la mémoire de trois aviateurs, pilote, mécanicien et radio, disparus lors du crash en ce lieu de leur avion, le 17 janvier 1945, pendant un transport militaire en service aérien commandé. 
Il est aussi possible de réaliser la totalité du trajet en voiture, un petit espace devant la chapelle permet de se garer mais cette  portion  de chemin est peu carrossable.
 
Notre-Dame-de-Faste a probablement été bâtie sur les vestiges d’un fanum[2] car de tout temps, la traversée du Mont Tauch à travers les Corbières pour aller de Carcassonne à Perpignan nécessitait un arrêt et la proximité d’une belle source en faisait le lieu idéal. Cette église ressemblant d’avantage à une forteresse qu’à un lieu de culte protégeait pendant leur sommeil les voyageurs ou les pèlerins des attaques des brigands
 

La légende
Il y a bien des siècles, les marins d’un navire en perdition dans une tempête aperçurent une lumière briller à travers une échancrure de rochers à flanc de la montagne. Ils firent alors le vœu d’y faire construire une chapelle s’ils survivaient à la tempête. Après avoir retrouvé leur cap et regagné la terre ferme, sains et saufs,  ils tinrent leur promesse.
 
La tour des Géographes
En revenant de la chapelle, suivre la route en direction du mont Tauch. De nombreux lacets dans un paysage de rocaille, vous amèneront, 4 km plus loin, sur les crêtes rocheuses où se trouve la tour des Géographes à 878 m d’altitude.
Le sommet dénudé dévoile un panorama impressionnant sur les Corbières, les Pyrénées et par temps clair, il est même possible d’apercevoir la mer.
 
Contrairement à ce que l’on pourrait penser en arrivant sur le site, la tour qui domine n’est autre qu’un bâtiment Télécom. Il vous faudra quelques minutes de recherche pour localiser la tour des Géographes : se garer à côté de la tour Télécom puis longer par la gauche les grillages qui l’entourent, quelques dizaines de mètre plus loin, vous pourrez apercevoir ce petit bâti maçonné de briquettes rouges et d’environ 1 m de haut.
Á propos de la tour des Géographes : Avant 1791, les anciennes mesures françaises étaient d’une extrême diversité : les valeurs ou les appellations variaient d’une province à l’autre. En 1791, un projet  fut approuvé par l’assemblée constituante afin d’adopter une unité unique : le mètre. L’académie des Sciences chargea deux astronomes de commencer les travaux de recherche : prendre comme référence une fraction du méridien terrestre grâce à la méthode de la triangulation.
Pierre Méchain de l’observatoire de Paris s’occupait de la mesure de Rodez à Barcelone.
Une centaine d’années plus tard, peut-être afin de mieux situer le lieu, fut érigée  la petite tour visible encore aujourd’hui. Le trou percé en son milieu permet de voir au ras du sol, le “clou” (grosse rondelle métallique) gravé d’origine, indiquant un des points de la triangulation du méridien  à cet endroit précis.
 
Le château d’Aguilar
Dominant la plaine de Tuchan à 296m d’altitude, cette forteresse bâtie au XIIe siècle est acquise par Saint-Louis au seigneur Olivier de Termes en 1262 pour la transformer en forteresse royale. C’était un excellent point de surveillance et de défense stratégique entre le Languedoc méridional et l’Aragon. En 1525 puis en 1543, le château subit les attaques des espagnols de Charles Quint. Une garnison royale occupera les lieux jusqu’à la signature du traité des Pyrénées en 1635 où il sera laissé à l’abandon.

 
Pour s’y rendre : Á la sortie de Tuchan par la D611, prendre l’embranchement à droite : le sentier cathare qui amène au château.  Sur le parking, à la billetterie, un plan-guide explicatif vous sera remis.
Un petit sentier agrémenté d’un circuit botanique grimpe jusqu’aux ruines du château où la visite commence par la chapelle Sainte-Anne.
Du château, à presque 300 m d’altitude : panorama grandiose sur les Pyrénées, le mont Tauch, les vignobles et le village de Tuchan.
De 1993 à 1994 une vaste campagne de restauration a été entreprise : consolidation et préservation des murs existants ; dans l’avenir un programme de fouilles archéologiques est prévu devant s’étendre sur plusieurs années.
Ce château a été utilisé lors du tournage de la série télévisée Tramontane en 1999.
Á savoir : du 15 novembre au 1er avril, entrée libre pour la visite mais uniquement par temps clément.
 
 
Vers Castelmaure
 
Donneuve
À moins de 2km au nord du château d’Aguilar, se trouvent les vestiges de l’ancien village fortifié de Donneuve, de son château et de l’église Saint-Barthélémy ; édifices antérieurs à Aguilar car des écrits le citent déjà au IXe siècle en 876 comme villa domonova.
Situé au pied des collines et légèrement surélevé au milieu des vignes, ses murs d’enceinte allant jusqu’à plus d’un mètre d’épaisseur n’ont pas résisté aux assauts du temps et à celui, plus ancien des espagnols au XVIIe siècle.
Pour se rendre d’Aguilar au site de Donneuve, suivre le sentier cathare, l’accès n’est pas difficile, il faut néanmoins une fois sur place faire attention au sol instable fait d’éboulis et de broussailles.
 
Nouvelle
Le sentier cathare continue ensuite jusqu’à Nouvelle, autre lieu d’habitation datant de l’époque romaine d’après les débris d’amphores retrouvés à l’occasion des labours. Un château médiéval s’implante par la suite.
Du château, il ne reste presque rien car les parements ont été récupérés pour construire les habitations actuelles ; par contre au centre se dressent deux tours jumelles dont la plus ancienne qui date du XIIe siècle dépasse les 20 m de haut.
Dans la partie nord de l’enceinte protégée par un fossé sec se trouve la petite chapelle Saint-Martin.
Actuellement un domaine viticole est implanté au centre des appellations Fitou et Rivesaltes.
 
Le sentier cathare se poursuit ensuite pour arriver à Embrès et Castelmaure; la carte IGN permet en passant par le col de Nouvelle, d’arriver directement à la source des Canelles puis aux ruines du village de Castelmaure.

 
 
La source des Canelles et la chapelle Saint-Martin.
Cette chapelle pré-romane aurait été construite au viiie siècle sur les vestiges d’un temple romain afin “d’effacer de la vue” ce sanctuaire païen dédié certainement au Dieu de la Source.
 
Castelmaure
Á l’origine, Castelmaure était un castrum perché dominant la plaine à plus de 200m de hauteur où dans une position stratégique, étaient cantonnées les troupes romaines.
Autour des IVe et Ve siècles, commencent les invasions barbares déstabilisant l’empire romain. Les habitants de la vallée viennent se réfugier derrière ses fortifications puis s’y établissent dans une grande pauvreté. Dorénavant, les maisons en bois et en pisé[3] remplacent les anciennes tentes du camp romain.
Une organisation villageoise s’implante sur ce rocher au rythme des saisons, et des intempéries pouvant geler une culture ou brûler une récolte. Population fragile souvent décimée par les épidémies et les diverses invasions qui vont se succéder de siècles en siècles.
En 1659 le traité des Pyrénées qui rattache le Roussillon et le nord de la Cerdagne au royaume de France apporte un peu de calme, la frontière espagnole étant repoussée.
1789 et la révolution n’apporteront pas de véritable amélioration aux conditions de vie des habitants de Castelmaure : les nouveaux notables ayant remplacé la noblesse se retrouvent les propriétaires de la plupart des terres.
Au début du XIXe siècle, le hameau ne compte qu’une dizaine de foyers, la révolution industrielle est en marche et les plus jeunes habitants sont partis chercher du travail dans les gros villages et surtout à Narbonne. Le cours du blé s’effondre alors suite à une demande de plus en plus importante, la culture de la vigne s’intensifie, la vallée s’enrichit mais à Castelmaure la misère est encore présente. Il y a beaucoup de garrigue stérile et peu de cultures qui rapportent.
Le 14 mai 1879, trois contrebandiers venant d’Espagne, montent à Castelmaure afin d’écouler de leur marchandise. S’en suivra une violente altercation, ces trois hommes voulant dérober l’argent d’un couple âgé. Un villageois sera abattu à coups de pistolet et deux autres blessés. Á partir de cette date, les habitants vont peu à peu quitter le village, la dernière maison sera abandonnée en 1880.
De nos jours, Castelmaure est une ruine dominant la chapelle Saint-Félix. Une courte promenade y amène.
 
La promenade :
Départ : la chapelle Saint-Félix.
La chapelle étant à droite, dépasser le coin pique-nique et suivre le chemin à gauche et encore immédiatement à gauche (virage très en épingle à ne pas manquer), le petit sentier qui peut être envahi par de hautes herbes au printemps, pour remonter vers les ruines du château de Castelmaure. Un rocher plat sur la droite sert d’escalier pour continuer à monter le sentier qui devient plus étroit puis rocheux. Belle vue sur la chapelle et les vignes. Tourner à gauche aux premières ruines (murs et éboulis), emprunter le sentier qui remonte puis prendre à droite, on a alors la tour ruinée du château sur la gauche.
Seuls les plus curieux et les mieux chaussés pourront quitter le sentier pour s’approcher de la tour car même si le terrain est plat, il est envahi par la broussaille, les ronces et les cailloux.
Continuer sur le plateau entre les vestiges pierreux. Vue panoramique sur les vignobles et les Corbières. Á gauche, on aperçoit Embres-et-Castelmaure, à droite Saint-Jean-de-Barrou. On entame la descente assez raide pour rejoindre un plus grand chemin que l’on poursuit à droite. Retour à la chapelle en longeant les vignes.
Cette boucle ne fait que 2 km mais le dénivelé de 86 m sur une courte distance ainsi que le sol caillouteux, pentu pour le retour et assez mal défriché rend la balade assez ardue. Á éviter aussi en période de canicule.
 
Saint-Félix 
Tantôt désignée sous le nom de chapelle, tantôt sous le nom d’église, elle aurait d’abord existé sous la forme d’une chapelle dédiée à Saint-Félix-de-Gérone dès le ve siècle. Devenue église paroissiale pour les habitants du hameau de Castelmaure, elle est rasée pour être reconstruite sur ses anciennes fondations au xie siècle puis à nouveau restaurée au xvie siècle.
Ce joli édifice est définitivement abandonné comme lieu de culte au début du XIXe siècle.

 
 [1] D’après le sentier balisé  “Les Petites Vadrouilles”
 
[2] Temple gallo-romain
 
[3] Terre comprimée


 

 
 

 
 



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